Tolède, M. Élie Faure demande aux Égyptiens, aux Grecs, aux gothiques français, aux peintres franciscains de Toscane et d’Ombrie, la clé des grands soulèvements séculaires dans l’âme des races ; il veut savoir pour quoi telles époques ont si splendidement fleuri ! Laissant à d’autres l’érudition (l’érudition des autres lui suffit), il accepte d’eux la matière. Non pas pour la vulgariser en vue de notre instruction ; non ; il suppose en nous la connaissance parfaite des ouvrages et des époques ; mais pour étayer sur les faits une philosophie de l’art dont nous n’avions pas d’exemple depuis Taine. Des reproductions nombreuses sont là pour faire preuve et réveiller nos souvenirs.
Comme le premier volume était consacré à l’art antique, le second traite de l’art médiéval. Le Moyen Âge, selon M. Élie Faure embrasse des époques diverses : il y a un moyen âge chinois et japonais, un moyen âge hindou, qui ne sont point contemporains du nôtre, mais qui semblent correspondre à un état social, moral, religieux, de même espèce, que l’état social, moral, religieux du nôtre. Le même soulèvement populaire dans le cadre mystique d’une religion, a fait surgir les temples de l’Inde et les cathédrales de France... L’individualisme est absent encore de l’art. — Il faut lire le chapitre éloquent, je dirai lyrique sur la révolution gothique ; à peine est-il alourdi par quelque surcharge poétique dans l’expression ; celle-ci gagnerait à être plus ramassée et plus directe ; la pensée toujours juste et neuve y prendrait plus d’évidence et plus de poids... — c’est là une réserve de détail... Il faut lire surtout le chapitre consacré à la mission de St François d’Assise ; nul n’a mieux senti et plus clairement démontré comment l’œuvre de Giotto couronne notre moyen âge en le rattachant à l’antiquité ; je citerai cet éloquent morceau :
“Giotto n’est pas un primitif, non plus que Dante, il est la conclusion d’un long effort. S’il révéla à ceux qui vinrent cent ans après lui le langage des formes, c’est un peu à la façon dont Moyen-Âge occidental, un retentissement des formes dans les