LES POEMES
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��exprimée, comme la fleur précise de son rêve, un poème beau, brillant et hardi.,. Ce rare miracle advint dans notre littérature à Vigny et à Baudelaire, à Hugo quelquefois. Or ce n'est jamais le poème qui tire ici sa beauté de l'idée, mais l'idée du poème. Sully- Prudhomme s'y est pris à rebours ; son échec condamne à jamais toute poésie scientifique... Mais nous quittons notre sujet.
Ces réflexions m'étaient venues à la lecture de la Lumière de Grèce, le dernier livre de Francis Vielé-Griffin {Nouvelle Revue Française) et de l'article inattendu que M. Emile Faguet a consacré à ce poète dans La Revue de Paris. On sait que M. Faguet ne se tient pas volontiers au courant de la production poétique contemporaine, car il l'avoue ingénument. Comme il ignore Claudel, il ignorait encore hier Griffin. Il semble l'aborder pour la première fois et il écrit ce qu'il en pense avec la rudesse et la bonhommie, avec l'honnêteté aussi et la franchise que nous nous plaisons à lui reconnaître du moins. M. Faguet possède un esprit clair, fin, curieux, mais proprement anti-lyrique; ceci rend d'autant plus intéressant pour nous son contact premier avec la poésie nouvelle ; comment l'excellent biographe de Rousseau, le familier des Encyclopédistes, l'ennemi juré de Baudelaire, va-t-il lire et juger Phocas ? Laissons parler M. Faguet :
" A nous en tenir à M. Vielé-Griffin, la poésie symboliste n'est pas précisément pour lui une poésie qui use beaucoup de symboles, c'est à dire de concordances mystérieuses entre les états d'âme et les choses, et réciproquement ; elle est surtout une poésie qui, d'une façon ou d'une autre, et par des procédés multiples et simples, suggère plus qu'elle n'exprime, s'entoure d'un certain mystère qui invite à le percer, fait deviner plus qu'elle ne définit et qu'elle ne peint, se laisse pénétrer plus qu'elle ne pénètre elle-même et n'envahit le lecteur.
" Je ne dis point qu'elle réponde ainsi à un désir continuel du lecteur. Il est tel moment où nous ne saurions prendre un plus grand plaisir qu'à nous laisser envelopper par un poème
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