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JULIETTE LA JOLIE IOI7

— Eh bien, quand est-ce que je t'emmène avec moi ?

— Oh ! répondait toujours M""^ Frébault, c'est pour rire que tu dis ça ? Tu n'y penses pas ! Qu'est-ce que tu ferais de lui ?

S'il tremblait un peu à l'idée de s'en aller si loin, il aurait aimé, tout de même, voir du pays. Il ne por- tait pas de ceinture bleue, ne parlait pas à haute voix, dans les cafés, des récits de voyages qu'il venait de lire. Il gardait pour lui ses idées. Mais il avait dix-huit ans, et il se désespérait. Deux mois s'étaient écoulés sans qu'il eût revu Juliette. A peine l'avait-il aperçue de loin, deux ou trois fois, lorsqu'elle traversait la grand' rue. Encore passait-elle devant l'étude en aflPectant de dé- tourner la tête pour que M™* Frébault pût savoir qu'elle ne tenait pas à lui débaucher son fils. Et puis elle n'y pensait déjà presque plus. L'hiver était à peine arrivé qu'elle n'y pensait plus du tout. C'est la saison des veillées, non plus sur le pas de la porte, mais près de la cheminée. C'est aussi la saison des bals. Elle s'en donna à cœur joie. Elle n'en manqua pas un. Le Paul était heureux puisqu'elle dansait toujours avec lui. Elle riait. Puis brusquement ses idées changèrent de nouveau quand Cougny revint, amenant Marcelle.

L'année dernière, en septembre, il était parti tout sim- plement se marier à Paris. Il n'y connaissait que son frère Alexandre, qu'il n'appelait jamais que " le Lexandre", et qu'il n'avait pas revu depuis 79, l'année de la dernière exposition. Le Lexandre vivait en vieux garçon. Il ne pouvait plus marcher qu'à l'aide d'une canne. Il faisait un tour, chaque après-midi, — à moins de grand vent, de neige ou de pluie, — sur le Boulevard Richard-Lenoir,

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