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loi 4 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

le regardaient pas. Certainement il n'était point du parti de Gallois : il n'était d'aucun parti. Mais s'il plaisait aux Gallois de laisser leur fille courir les rues au lieu de l'obliger à travailler, personne n'avait rien à y voir. Ils n'avaient pas, à proprement parler, d'ennemis dans leur quartier, mais bien des gens détestaient M™^ Frébault à cause de son humeur aggressive et de la prétention qu'elle avait d'obliger tout le monde à aller à la messe. Quand Juliette avait raconté ce qui venait de se passer, M*"^ Gal- lois s'était contentée de hausser les épaules, en femme qui vit comme elle l'entend et qui laisse les autres s'arranger à leur guise. Elle aurait pu — comme d'autres l'eussent fait à sa place, — se précipiter chez M™^ Frébault, lui demander de quel droit elle avait traité Juliette de déver- gondée. Mais elle ne bougea point. Au contraire, en y réfléchissant, elle se mit à rire. Gallois aussi, quand il rentra de sa tournée. Ils remarquèrent, l'après-midi, qu'allant aux Vêpres M"'* Frébault fit un détour pour ne point passer devant leur maison. Juliette dit :

— Eh bien, elle peut être tranquille. Ce n'est pas moi qui vais lui débaucher son gamin, comme elle l'appelle. Comme si c'était moi qui aie couru après lui ! Il était tout le temps à me regarder avec des yeux de merlan frit.

Pourtant elle se sentait toute drôle. Il n'était respon- sable de rien. Ne s'était-il pas levé devant sa mère, pour protester :

— Juliette, ce n'est pas moi ?

Elle le savait. Mais comment le revoir, dans cette petite ville où les murs ont des oreilles, et les fenêtres des yeux ! L'été passa sans que le Louis revînt s'asseoir près d'elle aux réunions nocturnes où Thierry pérorait toujours.

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