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JULIETTE LA JOLIE 999

ans que, comme beaucoup de jeunes filles des campagnes, elle était partie pour Paris.

Après avoir quitté les Frébault, ils traversèrent la grand'rue. Puis ils entrèrent dans les bois. Gallois qui faisait comme d'habitude sa tournée, — il n'y a pas de jours de repos pour les facteurs, — n'eut pas de mal à les rattraper, à les dépasser.

— Où est-ce que tu vas donc de ce pas. Chipé ? demanda-t-il.

— Au-devant de notre Lucienne, répondit Chipé. Gallois continuait de marcher, l'âne aussi.

— Elle revient donc chez vous ?

— Oh ! Pour huit jours seulement ! se hâta de pro- tester la Chipée. Elle ne voulait pas que l'on pût croire sa fille incapable de se créer une situation à Paris. Elle ajouta :

— Et Juliette, elle travaille toujours chez M"*^ Clé- ment ?

— Ma foi, oui ! dit Gallois qui semblait ne pas attacher à ce détail plus d'importance que Juliette elle- même. Mais, pour leur parler, il fallait déjà qu'il se retournât, car il avait au moins dix pas d'avance sur l'âne.

— Tâchez d'arriver à l'heure, surtout ! dit-il avec quelque ironie. Puis il quitta la route pour prendre un sentier de traverse.

C'était une petite gare qui leur parut très importante, avec une cour, ouverte à tout venant, où peuvent sta- tionner les voitures. Chipé détela l'âne et lui donna du foin. La Chipée tira d'un panier du pain et du fromage, et tous les deux, assis chacun sur un brancard de la char- rette, ils se mirent à manger.

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