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8o8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

bouctou, dans les archives de l'ancienne Université de Sankoré... Un soir, devant nous, le vieillard qui dessert la mosquée, prit dans un grand sac de cuir un cofFret où s'amoncelaient des actes de vente, des jugements de cadis et des versets du Koran ; enfin il tira de ce coffret un parchemin sur lequel étaient rédigées, en pur arabe, sous une rubrique enluminée, ces kacidas, qu'il nous a permis de transcrire et qui sont traduites ici littéralement, "

Hélas, nous sommes devenus sceptiques ! N'a-t-on pas été jusqu'à contester naguère l'authenticité des Chansons de Biliûs et de graves savants ne nous donnent-ils pas l'exemple de la défiance en discutant les magnifiques trouvailles de l'explorateur Pelliot ? Le grand succès que les lectrices de la Revue de Paris ont fait au Jardin des Caresses prouve assez que l'exotisme n'en est pas trop déroutant. On s'y tromperait parfois :

A deux mains j'ai pris ta tête, comme une urne, et je me suis versé la liqueur d'amour.

Qui aurait pensé qu'une urne si petite contenait tant de liqueur ? L'aurore ruisselait déjà dans le ciel quand nos bouches se séparèrent.

Dans les poèmes plus longs une langueur délicate et spirituelle rappelle celle des livres de M. Giraudoux plus que celle des Mille et une Nuits. Ce n'est point un blâme et sans doute, plus ar:ibes, ces pages nous sembleraient moins voluptueuses et moins charmantes.

Son ombre était une soie violette sur le sable.

Comme je l'avais priée de s'arrêter afin que je baise cette soie, elle m'a répondu : " Ce n'est que l'ombre d'une femme ".

A mon tour, je lui ai répondu : " C'est l'ombre d'une femme que j'aime et dont je ne puis baiser les lèvres. Laisse que je baise leur ombre sur ce sable qui a leur tiédeur. "

Elle m'a répondu encore : " Ce sable est moins tiède que mes lèvres, et tu ne baiserais que du sable. Baise mes lèvres, mm bien- aimé ! "

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