PROLOGUE 781
VIOLAINE. — Pardonnez-moi, parce que je suis trop heureuse, parce que celui que j'aime
M'aime, et je suis sûre de lui, et je sais qu'il m'aime, et tout est égal entre nous.
Et parce que Dieu m'a faite pour être heureuse et non point pour le mal et aucune peine.
PIERRE DE CRAON. — Va au ciel d'un seul trait !
Quant à moi pour monter un peu il me faut tout l'ouvrage d'une cathédrale et ses profondes fon- dations.
VIOLAINE. — Et dites-moi que vous par- donnez à Jacques parce qu'il va m'épouser.
PIERRE DE CRAON„ — Non, je ne lui par- donne pas.
VIOLAINE. — La haine ne vous fait pas de bien, Pierre, et elle me fait du chagrin.
PIERRE DE CRAON. — C'est vous qui me faites parler. Pourquoi me forcer à montrer l'af- freuse plaie qu'on ne voit pas ?
Laissez-moi partir et ne m'en demandez pas davantage. Nous ne nous reverrons plus.
Tout de même j'emporte son anneau !
VIOLAINE. — Laissez votre haine à la place et je vous la rendrai quand vous en aurez besoin.
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