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CONSEILS A MON FILS 757

qu'à l'essentiel et voient croître à plaisir dans leurs héritiers leurs faiblesses et leurs défauts favoris. J'espère et je crois que j'ai évité ces erreurs dans l'éducation que je vous ai donnée. Aucune faiblesse de ma part n'en a retardé le progrès, aucune par- cimonie ne l'a fait languir, aucune rigueur ne l'a faussée. Mon dessein a été de poser pour fonde- ment des connaissances solides et étendues : je n'ai rien épargné pour cela, mais je savais que cela seul ne suffisait pas et qu'il fallait se mettre ensuite à orner et embellir l'édifice. A ce dessein je vous ai répandu dans le monde et vous avez été votre maître à un âge où les autres vivent dans la crapule à l'université ou sont envoyés à l'étranger sous la tutelle de quelque pédant écossais maussade et grossier. C'était là le seul moyen de vous faire ac- quérir ces manières, cet air et ces grâces qui font briller le mérite, et sans lesquelles toutes les vertus morales et le savoir sont perdus dans les cours et le beau monde et y sont, je le crains, plutôt un obstacle.

{Lettre CCLXVII — 27 mai 1752).

Lord Chesterfield (TraJ. T. Lascaris)

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