Page:NRF 6.djvu/718

Cette page n’a pas encore été corrigée

712 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

jamais admis. C'est dans cette bonne compagnie de gens à la mode que l'on se forme aux meilleures manières comme au meilleur langage de l'endroit, car ils établissent les unes et donnent la loi à l'autre qui sont appelés désormais le langage et les maniè- res de la bonne compagnie en l'absence de tout tribunal légal qui puisse vérifier l'un et l'autre.

Une société toute composée de personnes de la première qualité ne peut, pour cette seule raison, être appelée la bonne compagnie, à moins qu'elle ne soit, par dessus le marché, la réunion du bel air et la plus accréditée du lieu ; car les gens de qualité peuvent être aussi sots et aussi mal élevés que ceux de la dernière condition. D'un autre côté, une compagnie uniquement composée de gens d'un rang très inférieur, quels que soient leur esprit et leur mérite, ne peut jamais être appelée bonne' compagnie, et en conséquence il faut peu la fréquenter sans qu'il y ait à la mépriser pour cela.

Une compagnie uniquement composée de gens de savoir, quoique fort prisée et fort respectable, ne peut avoir le titre de bonne compagnie, on ne peut y trouver la tournure ni les manières aisées du monde, car ils n'y vivent point. Si vous pouvez vous supporter dans une telle compagnie il est très juste que vous vous y trouviez quelquefois, et vous n'en serez que plus estimé dans les autres pour avoir une place dans celle-là. Mais en ce cas

�� �