Page:NRF 6.djvu/709

Cette page n’a pas encore été corrigée

CONSEILS A MON FILS 7O3

Soyez persuadé qu'il n'y a point d'homme assez peu important, assez insignifiant, qui ne puisse en certain temps et en certaines choses, vous être de quelque utilité ; ce qui n'arrivera jamais si une fois vous l'avez blessé. On oublie souvent les torts, mais le mépris ne se pardonne jamais, notre orgueil s'en souvient pour toujours. Ce mépris implique que l'on a découvert en nous des faiblesses que nous sommes plus soucieux de cacher que des crimes mêmes. Il en est qui avoueront leurs crimes à un ami, mais je n'ai jamais connu un seul homme qui ait fait confidence de ses faiblesses à son ami le plus intime.

{Lettre CXXIII — i"" juilUt 1748)

Il n'est pas rare de trouver un ami qui nous avertisse de nos fautes, sans réserve ; mais il se gardera bien de faire allusion à nos sottises. La découverte en est trop mortifiante à faire où à subir.

{Lettre CXXIII déjà citée).

Une bonne éducation et un bon naturel nous portent plutôt à aider les autres et à les élever jusqu'à nous qu'à les mortifier et les humilier ; et en vérité, il y va de notre intérêt, puisque cela nous fait autant d'amis de ceux qui seraient deve- nus nos ennemis. L'usage constant de ce que les Français appellent attentions est un des ingrédients

�� �