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LE CONSOLATEUR

Lorsque je pense à Vous, à Vous, ô ma vieillesse,
Cher souvenir menteur d'un bonheur inconnu,
Beau septembre du cœur, amoureuse sagesse,
Fantôme pardonnant d'un passé vide et nu,
Lorsque je pense à Vous, grande amie, ô vieillesse,

L'ombre d'un étranger qui ressemble à ma vie
Me conte à sa façon l'histoire de mon cœur
Et je prête, boudeur, une oreille ravie
Aux légendes sans fin de ce tendre flatteur
De ce cher étranger qui ressemble à ma vie.

Je veux taire son nom : le son en est étrange
Comme un regard du jour filtrant dans un tombeau,
Puissant comme le bruit d'un coup d'aile de l'Ange,
Apaisant comme la senteur du nélumbo.
Repose dans mon cœur, chère musique étrange.

Que me contez-vous là d'une voix de mirage,
Faibles lèvres d'écho de mon jeune flatteur ?
Est-ce donc là ma vie, est-ce là mon visage ?
C'est trop pur, trop brillant pour ce nocturne cœur.
Que me contes-tu là, chaste voix de mirage ?