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694 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tôt fait de disparaître dans les hautes herbes. A peine sommes-nous au niveau de la plaine, les bosquets d'oli- viers, les beaux parasols inclinés s'espacent, puis font place aux mimosas grêles et blanchâtres de ce matin. A cause des épines, il faut avancer tête basse, les bras haut levés. Abreuvoir desséché et abandonné que nous trouvons au plus épais du hallier. Il ne reste plus trace de clôture, la banquette même est à demi renversée : au fond du trou, la glaise unie est durcie, comme cuite; elle s'écaille, se soulève par morceaux semblables à des tessons, qui se brisent avec un bruit sec lorsqu'on les laisse tomber. Quantité de petites pelotes de terre agglutinée s'accro- chent à l'entour aux branches des buissons : elles s'effrit- tent sous les doigts, se réduisent en poudre où l'on trouve la dépouille d'une nymphe de guêpe. — Je reviens sur mes pas et faisant un long circuit, pousse jusqu'à la pointe des coteaux où nous sommes campés. Un horizon spacieux soudain s'ouvre devant moi. Ce que je prenais pour une colline, n'est qu'un plateau, une des marches de l'immense escalier qui du Choa descend insensiblement à la mer. Une vallée solitaire et accidentée se creuse en contre-bas. La splendide, l'accablante lumière seule l'emplit. Un autre plateau bientôt l'interrompt. Ses crêtes pelées et rougeâtres se perdent à l'horizon que ferme le triangle régulier d'un grand mont pierreux, le Bossett, sans doute. Petit cimetière musulman que je découvre, au retour, dans un vallon latéral, envahi par la plus ingrate brous- saille. Si je n'avais donné du pied par hasard sur un humble muret de cailloux assemblés qui à peine fait saillie au-dessus du sol, nous serions passés à côté sans rien voir. Les ronces écartées, on distingue les restes d'un étroit

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