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678 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

feux. Mes hommes et les nagadis fraternisent autour de la flambée. Ils parlent. Interminables conversations dès l'aube engagées, qui jamais ne s'arrêtent, durent toute l'étape, sont reprises après midi et la nuit continuent encore. J'ai beau interroger les boys, ils n'arrivent pas à me dire de quoi s'alimentent ces palabres. *' Ils font des suppositions, Monsieur " me répond-on comme j'insiste. — La chevauchée du matin, l'escalade du soir, le chaud puis le froid, m'ont éreinté. Je ne sors point de ma tente. Vers 9 heures, sitôt les feux éteints, j'entends les premières hyènes. L'une d'elles, non loin, du côté de la rivière, prolonge son hurlement lugubre et poltron, puis se tait brusquement, pour approcher à la muette...

��IV

��28 avril, de Samasambat à Ararti.

Au premier filet de jour, tous les oiseaux se mettent à crier et à chanter dans les arbres au-dessus de ma tête. J'ouvre au large les portières de la tente, fais quelques pas dans l'exquise clarté du matin qui brille, pur et frais comme une eau. Du lit de la rivière, sur notre droite, sort une bande de pintades. Un instant, elles s'attardent parmi les pierres que le soleil commence à chauffer, puis, le dos en boule, s'éloignent lentement, penchées sur l'herbe où scintille un reste de rosée. Dès six heures trois quarts, nous levons le camp et sortons de la gorge pour regagner les pla- teaux. Roue de charrette abandonnée au bord de la piste : le premier mulet qui l'aperçoit s'efiàre, fait un brusque tête à queue ; tous les autres, en dépassant l'objet insolite,

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