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��Le voyageur arriva dans la Capitale de l'Ouest par l'express du soir. Le soleil sombrait dans la buée comme un œil poché et sanglant qui se ferme. Il avait fait très chaud dans la journée. Le grand wagon sentait le char- bon, la sueur, le tabac et le jus d'orange. Comme il y avait un fort contingent d'espagnols dans le train, l'odeur douce de la sueur humaine traînait sur le reste.

Cela sentait aussi le vin rouge — avant et après. Un éclaboussement en éventail coagulait la poussière sur une des longues glaces, en traînées non douteuses.

L'express pénétra, freins bloqués, sous le hall de la gare. Un frisson de glacière parcourut le wagon qui tan- guait doucement en glissant.

Le voyageur descendit, les narines noires, en rêvant d'un appareil à douches bien nickelé et d'un café froid. Le hourvari d'une course de vingt-huit heures au long de laquelle il avait pris les plaines du midi en brochette, de Marseille à Bordeaux, se démenait au fond de ses oreilles.

Il faisait le midi depuis vingt ans. Il en avait eu assez. Il était allé trouver le patron et lui avait dit :

— " Je m'ennuie. Donnez-moi l'Ouest. '* L'autre avait fermé un œil :

— "On n'est pas idiot à ce point là.

— " Monsieur...

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