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d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 673

rapprochés font de l'ombre. Nombreux bouquets de ces acacias nains dont les grappes roses répandent un parfum suave. A mesure que le passage s'incline et s'encaisse entre les parois de grès bleu, la verdure se fait plus abondante et plus fournie. Des oliviers sauvages croissent aux bords de la piste, quelques genévriers, aussi, au feuil- lage spacieux et arrondi. Au fond de la vallée, entre les blocs épars, la rivière n'est pas tout à fait tarie ; il reste un peu d'eau dans le creux de certaines roches aplaties en forme de dalles. Sa limpidité est admirable. Elle est immobile et luit comme un miroir. Buissons abondants autour de la rivière et oii on ne saurait s'engager. Des tourterelles cachées y jettent leur long roucoulement perçant et sac- cadé. Nous gagnons, enfin, le lit que nous franchissons sans nous mouiller les pieds. Sur l'autre bord, s'ouvre dans la brousse une sorte de clairière, une pelouse ombragée par de très hauts mimosas ; nous nous y arrêtons.

Il est midi et demi. La chaleur est étouâànte dans ce fond partout abrité : tant pis ! j'aime mieux ça que le vent cruel qui, toute la matinée, nous a gercé la peau. Les parasols inclinés des mimosas sont pleins d'oiseaux ; ils crient et ne s'envolent pas ; je reconnais avec surprise, au milieu de cet étourdissant bavardage, l'appel inattendu d'un moineau. — Je me suis assis sur ma selle au pied d'un arbre. Les mulets autour de moi tondent avidement le gazon dru. Avec quel amour, le cuisinier somali, efflanqué et solennel comme toujours dans son uniforme khaki et ses molletières de toile bleue, s'occupe de sa monture ! Il est vrai qu'elle est sa propriété. Il la bou- chonne, lui inspecte la bouche, écrase les mouches collées

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