Or un jour il en suivit un
Qui retournait chez, soi, tout seul,
Et il vit son regard s'éteindre
Dès qu'il fut un peu loin des autres.
Une autre fois il reconnut l'un d'eux
L'un de ceux qui l'avaient aimé
Avec le cri de toute leur face
Avec l'élan de tout leur corps
Debout, devant lui, tout un soir ;
Il s'approcha, il lui parla ;
L'homme connaissait bien son nom,
Mais n'avait rien gardé de lui
Dans son esprit ni dans son cœur.
Et même, il vit une foule,
Une foule comme les siennes
Qui se pressait, ivre et séduite
Autour d'un autre
Habile à faire des grimaces.
Alors il connut qu'il avait conquis trop
Et trop peu…
Que pour faire une âme de foule
Chaque homme ne prête un instant
Que la surface de son âme.
Il avait régné sur un peuple,
Mais comme un reflet sur de l'eau ;
Mais comme une flamme d'alcool
Qui ne sait pas où s'attacher
Et qui brûle ce qu'elle frôle
Sans le réchauffer.
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