Page:NRF 6.djvu/614

Cette page n’a pas encore été corrigée

ses oreilles de longs pendentifs, ses bras de bracelets et ses doigts d’une quantité de bagues. C’étaient des bijoux qui me venaient de ma mère et je pensai n’en pouvoir jamais faire un usage plus digne.

Giula s’extasia sur la richesse de ces présents et sautant de joie, m’embrassa à son tour avec reconnaissance.

À ce moment, la face pointue de Zambinelli se montra entre les plis de la portière.

— Altesse, s’écria-t-il, il est l’heure ! Hâtez-vous, car le palais s’éveille.

Après un dernier baiser que je fis courir de l’épaule tiède jusqu’aux ongles rosés de ma maîtresse, je gagnai la porte à reculons pour contempler le plus longtemps possible ses charmes célestes. Giula, debout, les mains croisées sur sa poitrine que soulevait un trouble charmant, me regardait partir avec un doux sourire.

Une fois dehors, le Vénitien me fit un révérence comique et s’écria d’un ton plaisant :

— Malepeste, mon prince, vous allez vite en besogne! Mais je ne suis point jaloux. La beauté et la richesse l’emportent sur l’esprit dans le cœur de la belle. C’est la règle. Mais, corpo di Bacco, vous êtes un heureux mortel !

Je dédaignai de relever l’impertinence du drôle et, hâtant le pas, nous allâmes de concert vaquer aux préparatifs de l’évasion.