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Autre rencontre. Je vois Giula et ai avec elle un conversation que le lecteur pourra connaître s’il en est curieux.

À peine avions-nous fait cinq pas que mon compagnon laissa échapper un jurement. Un gamin, l’œil émerillonné sous le tarbouch, un icoglan sans doute, venait vers nous en sautillant à cloche-pied.

— Vite, Altesse, un bakchich !

Je donnai un piastre au garçonnet alors qu’un para eût suffi. L’enfant exécuta une cabriole et détala à toutes jambes en entonnant une chanson joyeuse et gutturale.

Nous nous trouvâmes bientôt dans un couloir obscur. Une lanterne du couleur en éclairait faiblement le fond. Près d’une porte qu’on devinait sous une tapisserie, une masse blanche s’étalait sur un divan.

— C’est le renégat, murmura mon guide.

Le castrat se mit pesamment sur ses jambes et nous fit une révérence. Il se releva avec peine, en soufflant dans sa graisse, et nous dit d’une voix pointue :

— Qu’Allah bénisse Vos Seigneuries.

— Mon ami, répondis-je, vous êtes bien bon.

Et je déposai une poignée d’or dans sa main moite.

L’eunuque, tout en me remerciant avec volubilité, écarta la draperie et s’effaça devant nous.

Je me trouvai dans une salle assez vaste, entourée de divans. Comme je regardais autour de moi, m’étonnant de la solitude de l’endroit où je m’étais attendu à trouver l’original de la miniature, une portière se souleva et je vis apparaître une face noire aux dents étincelantes.

— C’est l’autre eunuque, murmura derrière moi la voix de Zambinelli ; donnez-lui ses dix piastres.