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Nous prîmes à droite et nous jetâmes dans un réduit souterrain. Là, on souffla. Le Vénitien m’assura qu’il n’y avait plus de danger d’être découverts et me recommanda le silence pendant qu’il irait parlementer avec l’eunuque.

En attendant le retour de mon guide, je me mis à examiner l’endroit. À n’en pas douter, et j’en demande pardon aux gens délicats, il servait aux latrines. Mais le vizir avait bien fait les choses. Un carrelage blanc, des murs scrupuleusement blanchis à la chaux et une petite veilleuse, entretenaient dans ce réduit un demi jour laiteux. Mais une fâcheuse odeur me fit mettre le nez au soupirail par lequel se ventilaient ces lieux. Ce soupirail donnait, à ras du sol, sur la cour intérieure. Tout dormait, même les oiseaux. Les figuiers et les oliviers ne bougeaient pas une feuille. Seul, un grand papillon blanc voltigeait de fleur en fleur. Le jet d’eau continuait son ruissellement monotone. C’était le seul bruit dont fût troublé le silence accablé de midi.

Mais bientôt une voix humaine ce mêla désagréablement au bruit de l’eau. L’instinct me fit me rejeter en arrière, mais la curiosité me ramena en avant. Trop tard, hélas ! Mes yeux rencontrèrent ceux du trouble-fête. C’était un vieil Arabe, entortilé dans un bournous roussi, portant sur son ventre une boîte remplie de pastilles, de fruits confits et de nougat. Sa face, creusée de rides et incrustée de crasse, coiffée d’un turban défraîchi, manifesta un vif étonnement à mon apparition soudaine. Toutes ses rides se déployèrent en éventail. Mais élevant à nouveau son fausset, le revendeur entonna une complainte dans laquelle je pus démêler les mots de pauvreté, présent d’Allah, vieillard chargé de progéniture, nougat