LORD CHESTERFIELD 549
le nomma comte d'Oxford et partagea ses dépouilles.
Ce fut Lord Carteret qui lui succéda. Chesterfield espérait que le nouveau ministère s'userait dans les diffi- cultés que lui créait la guerre en Allemagne, et que son tour viendrait. Mais l'animosité de Georges II déjoua son ambition en l'employant à résoudre ces difficultés mêmes, et de nouveau il partit comme ambassadeur à La Haye. " Monsieur, vous avez reçu vos instructions '*, lui dit froidement le roi. Pourtant Lord Chesterfield réussit en Hollande au-delà de ce qu'on pouvait espérer, puisqu'il la décida à rompre sa neutralité en faveur de l'Angleterre, contre la France et contre son propre intérêt.
Cependant le duc de Newcastle et son frère Henry Pelham avaient entamé dans le ministère dont ils étaient tous deux une lutte sourde qui amena en novembre 1 744 la retraite de Carteret. Henry Pelham qui travaillait pour lui- même et sa famille fut bien heureux de se débarrasser de son allié Chesterfield. A ce moment, avec les tentatives du prétendant Edouard en Ecosse et le bruit d'une descente des Français, le poste de vice-roi d'Irlande était plus dangereux que souhaitable pour la réputation d'un homme d'Etat. On récompensa Chesterfield d'avoir résolu les difficultés de l'alliance hollandaise en lui proposant de s'occuper de celles de l'Irlande. — " J'aimerais mieux ", disait-ily " être appelé le vice-roi irlandais que le vice-roi de l'Irlande ". Avec la souplesse d'un esprit qui est à son aise partout, il oublia la vie brillante d'ambassadeur pour se consacrer à l'œuvre qui restait à faire dans l'île. Les vice-rois qu'on y envoyait étaient partiaux ou indifférents, le comte de Shrewsbury ne disait-il pas comme excuse pour avoir accepté ce poste quelques années auparavant.
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