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la table ; du moins je reconnaissais bien ma propre main qui, toute séparée, les doigts ouverts, un peu à la façon d’une bête aquatique, là-dessous se mouvait et palpait le fond. Je la regardais, il m’en souvient, presque avec curiosité ; elle me paraissait connaître des choses que je ne lui avais jamais apprises, à voir comme elle tâtonnait là-dessous à son gré avec des mouvements pour moi tout neufs. Je la suivais à mesure qu’elle avançait ; je m’intéressais à elle et me préparais à voir je ne sais quoi. Mais comment aurais-je pu m’attendre à ce que, partant du mur, soudain une autre main vînt à la rencontre de la mienne, une main plus grande, extraordinairement maigre et comme je n’en avais encore jamais vu. Elle tâtonnait de son côté, de la même manière, toute ouverte comme la mienne, et toutes deux se mouvaient à la rencontre l’une de l’autre, aveuglement. Je n’étais pas au bout de ma curiosité, qu’elle avait cédé brusquement pour faire place à la terreur. J’avais conscience qu’une de ces mains m’appartenait et qu’elle s’enfonçait dans une aventure irréparable. De toute l’autorité que je gardais sur elle, je la retins, et la ramenai vers moi lentement, tout à plat, sans quitter des yeux l’autre main, qui continuait de chercher. Je compris qu’elle n’allait pas s’en tenir là, et je ne puis pas dire comment je remontai. J’étais maintenant enfoncé profondément dans le fauteuil, mes dents claquaient et j’avais si