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506 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

plaisir sur le peu de psychologie que le fait vulgaire comporte. Ni caractères, ni héros : l'un n'est pas exclusif de l'autre, croyez le-bien ! Des fantoches articulés, miraculeusement cinématographiques, ou des discoureurs de boudoir ! Que de cette dimi- nution la comédie s'accommode : il se peut ; — aussi bien possédons-nous aujourd'hui de bons auteurs comiques populaires... La comédie, oui ! Mais le drame ? mais, osons prononcer le mot, la tragédie ? C'est du théâtre tragique populaire qu'il est question uniquement ici.

Il faut la tragédie pour restituer à notre scène sa force de domination ; elle y parviendra d'autant mieux qu'on la voudra plus populaire. Elle n'a rien à faire avec une vérité médiocre qui maintienne les auditeurs dans l'atmosphère de chaque jour. Elle les arrache au sol, elle les soulève de terre, jusqu'à une vérité non pas plus épurée et plus morale... — il s'agit bien pour elle de moraliser 1 — mais plus simple, mais plus large, et non pas forcément plus noble, mais plus haute. D'un homme elle fait un personnage, d'un individu un caractère ; elle peut en faire un héros.

Craint-on que l'héroïsme, si elle ose y atteindre, ne l'entraîne au vain gonflement romantique, au jeu gratuit des rimes et des mots ? Mais nous ne reprochons aux romantiques que l'absence d'hu- manité sous-jacente, de respect vis-à-vis de leurs personnages, et aussi de simplicité. Quel admirable

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