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haleine une seconde fois, comme sans autre dessein. Une couple d’années plus tard, après la mystérieuse nuit dans la galerie d’Urnekloster, des jours durant, je m’apprêtai à me confier au petit Eric. Mais il s’était complètement fermé et retiré de moi depuis notre conversation nocturne ; je crois qu’il me méprisait. Et c’est pour cela précisément que je voulais lui raconter la main. Je m’imaginais que je remonterais dans son opinion (ce que je souhaitais très fort, peu importe pourquoi) si j’arrivais à lui faire saisir que vraiment moi j’avais vécu cela. Mais Eric était si habile à m’éluder que que je ne parvenais à rien. Puis précisément alors nous partîmes en voyage. Il est curieux qu’ainsi je me trouve raconter pour la première fois une aventure qui remonte aux premiers temps de mon enfance.

Combien petit je devais être encore, je le vois à ceci que j’étais à genoux sur la chaise pour atteindre à hauteur de la table sur laquelle je dessinais. C’était le soir, en hiver, si je ne fais erreur, dans notre maison de ville. La table se trouvait dans ma chambre, entre les fenêtres, et il n’y avait pas d’autre lampe dans la chambre, que celle qui éclairait mes feuillets et le livre de Mademoiselle ; car Mademoiselle était assise à lire auprès de moi, un peu en arrière. Elle s’absentait je ne sais où, quand elle lisait, et je ne suis pas sûr que ce fut dans son livre ; elle pouvait lire des heures durant,