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NOTES 497

son amitié, surtout à ses frères malheureux. Il a peint, d'un cœur gonflé d'émotion, une laveuse chargé de son linge et qui remorque sa gamine, un badigeonneur, suspendu dans l'air, et qui se hisse sur la corde à nœuds, un ouvrier assas- siné, un soir d'émeute, dans son taudis. Il a dû murmurer plus d'une fois, en lui-même, la parole de John Constable : " Je n'ai jamais vu une chose laide dans ma vie. " Laide, c'est-à-dire indigne d'être observée, indigne d'être représen- tée "...

M. Nazzi cite le mot de Baudelaire : " Comme artiste, ce qui distingue Daumier, c'est la certitude : il a une mémoire merveilleuse et quasi-divine qui lui sert de modèle. "

Plus loin, M. Nazzi écrit encore :

" Il ne faut pas être grand psychologue pour découvrir qu'un esprit de bonté inspire et traverse tout l'œuvre de Daumier. Ce grand créateur était un cœur simple, une âme tendre. Comme on le sent accessible à toutes les pitiés, ouvert à toutes les soufErances ! Ceux qui l'ont connu ont témoigné de sa loyauté, de sa générosité, de son désintéressement. Il est réconfortant qu'un si furieux torrent de rire et de malice soit venu d'une source si pure. Daumier était bon, comme on l'est dans le peuple, instinctivement, avec prodigalité, et non sans brusquerie. Aucune complication chez ce bonhomme épais, d'inteUigence vive et d'intuition fulgurante et si perçante ! Un brave homme, pour tout dire, comme on n'en fait plus, sentant bon le travail, la bonté et la probité ! On rapporte que Préault, le sculpteur, fit appeler son vieux camarade Daumier, à son lit de mort, et se confessa des fautes de sa vie à celui qui, pour tant de gens, n'était qu'un amuseur. "

��D'un article de M. Auguste Aumaître sur l'Unité d'Expres- sion (dans la Renaissauce Contemporaine du 24 Août) :

" Il faut donc nous pénétrer de cette vérité que dans un poème chaque personnage, chaque geste, chaque passion est éclairée par l'idée supérieure du poète, qu'ils ne sont que les

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