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NOTES 487

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BALLADES DE FRANÇOIS VILLON, mises en musique par Af. Claude Debussy.

Trois charmantes pièces de plus dans l'oeuvre chanté de M. Debussy, voilà de quoi nous réjouir sans doute, mais fussent-elles écrites sur des vers anciens, non de quoi nous surprendre, ni nous arrêter. Ce n'est pas la première fois que le musicien de Pelléas s'essaye à évoquer le parfum arch^que de nos plus vieux poètes, Tristan ou Charles d'Orléans. Il aborde Villon et il n'a qu'à écrire le plus spirituel scherzo pour célébrer le " bec " des Femmes de Paris. Mais cette puissance âpre, douloureuse et secrète de la Ballade de Villon à s'amye, mais la foi populaire, à fond enracinée qui fait que Villon, " à la requeste de sa mère " se plaît à " prier Notre Dame ", notre moderne musicien se risquera-t-il à les trans- poser ? On connaissait la sobriété pathétique à laquelle il était capable d'atteindre ; mais il nous semble qu'il y a davantage ici : un approfondissement de l'émotion qui compte moins sur la science, sur l'imprévu des harmonies dont sera ponctué le discours, que sur la ligne mélodique du discours lui-même ; une voix qui ne se contente plus de parler avec la plus mer- veilleuse justesse, mais qui chante, et dont l'inflexion volon- taire va plus loin que les mots. Jusque dans la fermeté du dessin d'accompagnement, nous constatons l'élargissement d'une manière où trop d'admirateurs de M. Debussy voudraient le tenir enfermé. Est-ce simple coïncidence ? Mais qui n'a point senti la même poussée neuve, le même besoin de libération dans plusieurs morceaux admirables du Martyre de St-Sébastien: l'ample prélude, et le chant des Gémeaux ?... Le musicien de Pelléas ne s'est-il donc point posé de limites? son chef-d'œuvre ne l'enfermera plus désormais ? C'est, me semble-t-il, la por- tée de ces trois Ballades, qu'il faut connaître. H. G.

��LE PROGRAMME D'ANTOINE.

Le directeur du Théâtre National de l'Odéon vient de com-

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