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d'une section d'infanterie 463

Le lieutenant s'assura que sa troupe présentait bien son front au levant. Il n'eut pas à attendre longtemps le résultat qu'il cherchait. L'un après l'autre, d'un geste irrésolu et dépêché, les hommes tirèrent leur képi en avant et ramenèrent la visière sur les yeux. En moins de deux minutes la section était " coiflFée ". Il y eut autre chose sur les têtes que de risibles chapeaux lie de vin. Du menton au front, les faces se trouvèrent enfermées dans un ordre de plans exacts. Et quand il eut commandé, de sa voix qui savait persuader :

— Levez la tête !

il s'en suivit une certaine assurance générale sur les visages dont chacun sentit l'importance.

Il n'y avait pas devant eux que le levant. La section se trouvait aussi faire face au terrain de manœuvre. L'espace était devant eux. Il commençait à la pointe de leurs godillots et ne finissait même pas à l'horizon. Il revenait à eux du fond du ciel où montait, en crachant et en roulant, un soleil frais éclos de jeune automne. Il leur entrait à plein les yeux, à plein les bronches, qu'il gonflait de sa clarté et de sa fraîcheur. Les réservistes le touchaient de toute la largeur de la poitrine, et vous noterez qu'il n'y a pas de formation qui vaille un front de section déployée pour donner à l'homme le sentiment d'une poitrine large.

Il les mit en marche. Une impulsion unanime fit avancer les torses. Chacun vit ceux de ses voisins progres- ser du même mouvement et sur le même plan que le sien propre ; ceux du centre constatèrent que les ailes mainte- naient l'alignement, en dépit des buttes et des ravinements, comme s'il leur avait passé les bras derrière le dos pour

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