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462 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Alors son premier commandement de manœuvre éclata et le for intérieur de chacun sut à qui il avait afiFaire. Ce fut inattendu et très bref, comme un coup de hache, mais la voix eut un certain roulement sur elle-même qui enleva à l'ordre la détonation sèche de l'injonction comminatoire. Chacun le reçut distinctement et sur un timbre assez voilé pour qu'il le prît en manière de conseil personnel. Les soixante hommes firent le mouvement chacun pour son compte et chacun jeta furtivement les yeux sur le cavalier pour s'assurer que cela avait été fait comme il fallait.

Le lieutenant à lorgnon avait passé, en son temps, par Saint-Cyr, mais il n'ignorait pas pour cela certains des principes qu'on n'y enseigne pas, et qu'on chercherait, d'ailleurs, aussi vainement dans les cahiers de cours de Saint-Maixent ou de la Flèche. Ils ne se trouvent même pas consignés aux pages du règlement consacrées à l'école de compagnie. C'était par exemple de ne pas ignorer les égards que l'obéissance peut légitimement exiger. Car cela, c'est l'école de l'homme, et il y a des cantonniers qui ont suivi ces classes-là et en remontreraient là-dessus à plus d'un divisionnaire.

Lorsque la section eut fait demi-tour, elle n'eut pas la mauvaise surprise de ne voir personne devant elle. La jument noir et blanc avait eu le temps de doubler la ligne et le lorgnon scrupuleux de l'officier attendaient les réser- vistes tandis que les serre-files s'éparpillaient en courant, l'arme au bras, pour reprendre leurs nouveaux postes. Tout le monde pensa que les choses se passaient comme il convenait.

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