d'une section d infanterie 449
arriére, le long du couloir qui menait à la cour, et se mirent à vociférer le numéro de leur compagnie. Comme une caricature grossière d'embauché. La foule, disloquée et lasse, trou\a cette issue, et après un flottement, s'y engouffra, tête baissée.
Le peloton avait pris une disposition d'entonnoir. A mi-voix, les gas de l'active flattaient au passage les " vingt- trois Jours " hâves. Le lieutenant, avec un sérieux d'appa- rence méprisante, faisait la sourde oreille ; il regardait ces hommes plus âgés que lui, qui défilaient devant lui en baissant la voix, en pliant légèrement le dos et en le saluant d'un air gauche et inquiet. Une sorte de sourd désir " d'en être ", qui pouvait être une fatigue, perçait chez eux. A peine rangés derrière le sergent de leur com- pagnie, ils posaient leur valise devant leurs deux pieds joints, et tout à la sécurité d'avoir trouvé un cadre, ils blaguaient la procession ahurie des derniers venus.
Le retour à la caserne fut une corvée cruelle pour l'officier. C'était l'heure paresseuse de l'Ouest où les bureaux et les magasins se vident dans les cafés. Les rues abjectes se transforment en canaux de lumière dorée. La poussière prête au soleil un embu roux qu'il lui restitue en étincellement vaporeux. Les gens ont l'air heureux, ou, pour mieux dire, ils ont un air, — chose qui leur manque tout le reste du temps.
Les fenêtres opposées à l'occident miroitent. Une odeur acre de foin, de rose et de crottin court au ras des trot- toirs. Les verdures épaisses surplombent les vieux murs envahis de ravenelles et de pariétaires, soulignés d'un étroit pavement d'herbe verte. Les hommes se sentent
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