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414 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

que. Sans doute il avait approché assez de prêtres pour rencontrer, dans le nombre, quelques vilains personnages, et il avait eu, à Heron's Ghyll et à S' Leonards, comme chapelains et comme confesseur, toute une série de grotesques et d'indignes ; enfin, son expérience per- sonnelle l'avait rendu aussi contempteur du clergé séculier qu'il était admirateur du clergé régulier. Mais je crois sentir dans son anticléricalisme, ou du moins dans la façon dont il l'étalait, un peu d'affectation. En disant du mal de son clergé, il voulait édifier les Protestants, en leur prouvant ainsi que le Dogme est au-dessus de tout accident, et qu'une foi véritable ne saurait être ébranlée par le spectacle de l'immoralité des prêtres ; et il voulait aussi taquiner la grande moyenne du public catholique, dont la timidité et l'étroitesse d'esprit lui étaient odieuses. Il savait quelle domination les révérends et les saints des petites chapelles exercent sur les esprits de la classe moyenne protestante, en Angleterre: il opposait le catho- lique, libre de distinguer l'homme du prêtre, au protestant pour qui les vertus de son vicaire ou de son ministre sont une preuve de la vérité de sa croyance.

Et voici une conversation de Patmore avec un catho- lique du genre timide :

— Vous avez appris, M. Patmore, que l'église de .... est brûlée ? On ne sait pas comment le feu a pris.

— Je le sais bien.

— Oh ! et comment ?

— Ce sont les prêtres qui l'ont mis pour toucher l'argent de l'assurance.

Et, après un silence gêné, l'hôte revenant à la charge :

— Vous savez que le Père .... vient de mourir ?

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