COVENTRY PATMORE 4OI
tuelle, et en possession de facultés morales que j'avais toujours recherchées, mais que je n'avais jamais obtenues pour longtemps. Autant que je pouvais m'en rendre compte, Dieu m'avait soudain conféré, avec la paix, cette crainte et cet amour pour Lui, et cette entière soumis- sion à Sa volonté pour lesquels j'avais si longtemps prié en vain. Et l'argument touchant mon changement de religion, que jusqu'alors j'avais tiré de l'état d'esprit de ma femme, je le tirai maintenant de mon propre état d'esprit : arrivant à cette conclusion, qu'une telle croyance ne pouvait être fausse, qui portait de si bons fruits."
Mais ce que Patmore ne nous explique pas, dans cette autobiographie, c'est le pourquoi de cette tendance catholique qui le mena au seuil de la conversion. Or, dès qu'on touche à cela, on touche à tout l'oeuvre de Patmore. Patmore a été conduit au christianisme par Vins- tinct sexuel. Le mystère de l'amour humain, ce qui entraîne les époux l'un vers l'autre, a été pour lui la révélation et l'explication du mystère de l'amour divin, ce qu'il appelle : " the more esoteric doctrine of the Catholic Faith ": l'âme de chaque homme est à Jésus ce qu'est la fiancée au fiancé. Ce que l'homme aime dans la femme, c'est son âme à lui, son âme dont le désir ne s'assouvira que sur le sein du Fiancé, la mort ayant effacé l'apparence du monde. Mais déjà dans cette vie le Fiancé envoie à la fiancée des signes de son amour : la Grâce. Il la courtise dans l'ombre, en secret, et ne veut pas être vu d'elle. Et ainsi s'explique le mythe d'Eros et de Psyché. Patmore disait volontiers que la beauté des mythes païens leur vient de ce qu'ils peuvent presque tous recevoir une explication chrétienne.
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