Cette page n’a pas encore été corrigée

34 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

" Les temps sont venus où tout est enlevé aux maisons ; elles ne savent plus rien retenir. Le danger dorénavant est moins périlleux que la sécurité." Il décrit les étapes de cette route, suivant toutes les marches et les contremarches de sa pensée, à tout moment se retournant vers le passé, soit pour y faire des repérages, soit pour s'y reposer, car le présent lui est dur. Il en est haletant et par moments défaille sous l'effort de son assaut, mais il est résolu de le soutenir jusqu'au bout. " Il ne faut ni choix ni escamotage. Je ne crois pas qu'ici je souffre de désillusions, au contraire. Je m'étonne parfois de la facilité avec laquelle je renonce à ce que j'espérais, pour accepter ce qui arrive, cela fût-il mauvais."

Une telle épreuve ne va pas sans détraquements ; il y a dans les notes un élément pathologique assez encombrant, que le souci d'art n'arrive pas toujours à réduire, mais qui est d'une grande importance au point de vue de leur signification. Certaines maladies qui aiguisent les sens et les prolongent, font pénétrer plus avant dans la réalité, l'appro- fondissent et l'augmentent : elles ont d'obscures équivalences morales et conditionnent les évolu- tions décisives. Brigge trouve une analogie à son déséquilibre dans l'antique légende des anachorètes tentés dans le désert : " Ces saints trop pressés qui voulurent tout de suite et à tout prix débuter par Dieu. Nous ne nous en croirions plus capables aujourd'hui, nous nous rendons compte qu'il est

�� �