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2^6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'autres. J'aime que leur style n'ai point d'ornement et ne cherche rien que la sobriété, la fermeté, la rapidité et la précision. C'est là le vrai style du roman français et peut-être est-ce, parce que cette douloureuse histoire a la couleur grise et sombre d'un tableau de Lenain qu'elle nous émeut de la même manière, en profondeur. Au reste il y a tout de même une certaine tendresse discrète et voilée qui baigne le livre et nous en rend la conclusion moins amère. " Que d'affections, dit en terminant sa confession le triste héros des Tharaud, se sont penchées sur ma tête ! Quelle sève, quelle profusion d'amour il y a partout dans la vie ! Je songe que si chacun regardait autour de soi, il demeurerait confondu que tant d'êtres aient attaché à lui tant de prix. " Noble et touchante conclusion d'un roman dont ce n'est pas le moindre mérite de nous apprendre à réfléchir sur nous-mêmes.

L. D. W.

LE VILLAGE DANS LA PINÈDE, par M. Gabriel Mourey (Mercure).

Ce petit livre ému, avec ses descriptions mesurées, ses images naïves et justes, sa parure de souvenirs classiques et son aimable érudition, Gabriel Mourey le dédie à ses morts, et il en dépose les feuillets, en ex-voto, sur l'autel de sa petite patrie. " Et je ne désire que d'avoir réussi, nous dit-il, — car je n'ai pas voulu autre chose — à composer un de ces tableaux, comme en peignent encore les artistes villageois, images un peu grossières et pesantes peut-être, et qui rappellent à l'excès les enseignes des sages-femmes, des maréchaux-f errants et des auberges des rouliers, mais qui, par leurs audaces de raccour- cis, leur franchise de coloration, leur réalisme primesautier, surtout par la sincérité des intentions qui les inspirèrent, par- viennent à nous émouvoir tant. "

Les pages de Gabriel Mourey touchent par leur sentiment pieux, par leur exactitude familière. Parfois un lyrisme les enfle, à la louange de la Méditerranée " qui roule dans ses

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