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348 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tissu rose. Puis tout s'éteignit et nous fut en- levé.

Le lendemain l'océan nous entourait. L'atmos- phère était crue et dégrisée. Au-dessus de nous les nuages formaient un plafond bas, exactement clos. Ce fut ainsi pendant plusieurs jours jusqu'à ce que nous arrivâmes au groupe des îles puritaines où je décidai de faire escale. Basses, sans cesse étrillées par le vent des quatre horizons, elles s'aplatissent sur la mer comme pour leur offrir moins de prise. Tout y est desséché et difficile. Leur dénûment m'atti- rait. Près du port de la plus grande d'entre elles se trouve une cathédrale presque millénaire que visitent les voyageurs. Rude et nue, contractée sur elle-même, elle entasse de maladroites quantités de pierres pour n'arriver qu'à des voûtes médiocres. Malgré qu'elle soit encore solide comme au pre- mier jour, le culte l'a désertée — elle n'est là que pour résister au vide ; et elle résiste. Je montai à la tour trapue qui chevauche le croisement de la nef et du transept. De là je pouvais voir tous les contours de l'île et une grande étendue d'eau. Au loin, un bouquet d'ormeaux marque la tombe des héros normands d'autrefois. Des corneilles ponctuaient de noir le ciel toujours revêche. Le long des chemins s'égrenaient de petits cottages aux jardinets fleuris de mauves, car nous étions en juillet.

Le vent soulevait une poussière tranchante.

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