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Pour que se garde intact, en ta fraîcheur première.
Et toujours vivant, ton secret.

Pour que notre amitié, toujours neuve, ne sombre
Ni dans le morne ennui, ni dans le désaccord.
Saurons-nous, l'un pour l'autre, et toujours sans effort,
A la clarté qu’il faut mêler ce qu’il faut d’ombre ?

Saurons-nous réussir, pour que l’inquiète attente.
Flambeau qui ressuscite, attise l’amitié.
Ait tout son aliment sans troubler notre entente,
A nous connaître bien, sans nous connaître entiers ?


III


Cependant, approchez, que je vous énumère.
Mes amis si divers, mes amis si unis !
Toi, juif, aux cheveux roux et à la voix chantante.
Tout tremblant de nerveuse et tendre intelligence,
Juif plus fier que David et plus doux que Jacob ;
Toi, chrétien qui, formé au bord de la Charente,
As le débit nuancé et coulant de ses eaux
Et garde dans la voix la douceur d’Angoulême.
Toi plus dur et qui né plus près de la montagne.
Parles plus rudement un langage imagé ;
Vous tous enfin venus de diverses provinces,
Garçons français, les plus intelligents de tous !