PORTRAIT 3^5
avec tant de hâte et tant de gêne que le souffle lui manquait avant la fin des phrases... Dans la cour, le soir, au milieu de ses compagnons ordi- naires, il se mit à contrefaire soudain sa lecture essoufflée, puis il se prit à rire follement en distri- buant au hasard des bourrades et des coups de pied.
A quelque temps de là, au début de juillet, le Cirque Barnum vint à B. J'errais, un matin de congé, dans la banlieue déserte de la ville, lorsque je rencontrai Davy, désœuvré comme moi, qui me proposa de descendre vers la Place du Vieux- Port, où l'on achevait de monter le cirque amé- ricain.
Toute une vie extraordinaire s'était installée sur la place naguère semée de tessons et de cailloux comme un terrain vague. Des personnages exotiques glissaient entre les tentes carrées en nous regardant du coin de l'œil. Des serviteurs, en silence, se hâtaient vers une tâche que nous ne connaissions pas. Tout là-bas, des réfectoires im- menses, montait, par bouffées, un bruit énorme de vaisselle remuée.
Ici, à l'ombre des arbres, des chameaux somno- laient ; un grand diable vêtu de toile s'efforçait de les réveiller et leur tenait en anglais un petit discours que Davy et moi nous avons compris. Dans la partie haute de la place, un éléphant poussait un tronc d'arbre et, sous les taches
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