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PORTRAIT 311

nous rapprocha. Parfois, en étude, il venait com- parer sa version à la mienne ; et nous causions un instant. Il n'était pas satisfait comme je l'avais cru. Il avait, comme tous les autres, l'immense désir d'être un jour officier de marine, mais il n'espé- rait pas y parvenir. Je n'ai même jamais vu de jeune homme à ce point dépourvu d'espérances. Il parlait de lui-même avec un mépris absolu. Et lorsque je lui faisais quelque éloge, il avait une façon de hocher la tête et de souffler du nez... Pourtant je lui ai connu aussi des instants d'aban- don, des gestes pleins de douceur et de gaucherie ; il faisait l'aimable, le plaisant ; il disait de petites phrases bêtes qui le rendaient tout-à-fait ridicule.

De ces conversations, maintenant que je sais ce qu'il est advenu de Davy, maintenant, je cherche vainement à retrouver quelques bribes. Nous ne parlions qu'examens et compositions. Il ne me serait pas venu à l'idée de lui parler d'autre chose. Et cependant il me reste, de ces mois d'été 1901, deux ou trois souvenirs que je veux fixer ici pour mon inquiétude et pour mon regret...

Le matin, de très bonne heure, nous descendions dans la cour, et l'on nous accordait une courte récréation avant de rentrer en étude. C'était une petite cour pavée, tout entourée de murs. A cette heure, le soleil ny donnait pas encore. Nous étions

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