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3IO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tait un groupe où je n'avais nulle envie d'entrer. C'étaient une dizaine d'anciens mousses de " La Bretagne ", grossiers et taciturnes, préoccupés seulement de fumer en cachette. Ils ne s'appelaient entre eux que par leurs sobriquets : La Bique, Coachman, Peau-de-chat... Et lorsque, pour la première fois, je m'adressai poliment à Davy : "Dis donc, Davy, s'il te plaît..." il me regarda d'un œil morne, et, se frottant d'une main la peau du visage qu'il avait fort déplaisante, il me donna ce renseignement :

— On ne m'appelle pas Davy ; mon nom, c'est Peau-de-Chat.

Puis, se tournant vers son voisin, il se prit à rire lourdement.

Longtemps, j'évitai de lui parler. Je l'apercevais parfois dans un groupe, faisant des tours de force ou donnant à la ronde des claques, avec ses larges mains molles qui faisaient rire tout le monde. 11 semblait aimer sa misère. Je lui en voulais de n'être pas plus malheureux. Et je passais les récréations avec des externes distingués qui m'in- terrogeaient sur Paris, les théâtres...

Vers le mois de mai, Davy qui travaillait son examen avec application fut classé premier, en même temps que moi, dans une composition, française ou latine, je ne me rappelle pas. Ceci

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