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288 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Nous avons son portrait, de face, par Millais, et, de profil, dans un médaillon de T. Woolner. Cela suffirait presque. Il ne faut pas chercher à faire d'elle une femme d^ esprit. Elle est bien plus grande dans son rôle obscur d'épouse et de mère ^. Trop sage pour paraître savante ; trop intelligente pour vouloir briller. Seuls les poëmes de son mari, quelques vers de Baudelaire, ce sonnet où Olivier de Magny, après avoir énuméré les beautés de sa dame, ajoute :

Mais en mon cœur je vous porte plus belle,

rendent justice à la douceur inépuisable, à la grande intelligence modeste, à la féminité parfaite d'Emily Patmore. " Ses fils se lèvent et la bénissent. " Et en nous aussi un sentiment très doux rend hommage à la Laure moderne. C'est elle qui parle :

" So, till to-morrow eve, my Ow^n, adieu ! Parting's w^ell paid with soon again to meet, Soon in your arms to feel so small and sweet, Svv^eet to myself that am so svv^eet to you ! "

(Dans CCS vers on touche le fond de la féminité ; ils semblent donner la raison pour laquelle nous désirons la femme. Que penser, donc, de celle qui les inspira?)

Il ne faudrait pas croire que Patmore vécut isolé pendant les quinze ans de son premier mariage. Au contraire : sa maison de Hampstead était fréquentée par un grand nombre d'amis : Aubrey de Vere, rencontré chez Monckton Milnes, Tennyson (ils étaient voisins), Ruskin, rencontré sans doute chez son beau-père, le D"" Andrew^s; enfin, et surtout, à partir de 1849, les

1 « My gracious silence, hail ! " (Shakespeare " Coriolan ".)

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