Page:NRF 6.djvu/292

Cette page n’a pas encore été corrigée

2 86 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

more s'éloigne, volontairement, de la conception que son père avait de la vie. Coventry avait devant lui la plus brillante carrière " littéraire " du monde. Il ne tenait qu'à lui de tirer partie de son génie dans le sens de la popularité et de la mode. Ses relations et le nom de son père lui ouvraient toutes les portes. (P. G. Patmore, ruiné, n'était pas moins " reçu ", et du reste, il revint en Angleterre passer ses dernières années). Il eût pu faire jouer des drames et des comédies dans les meilleurs théâtres aussi aisément qu'il faisait passer des articles dans la " North British Review " ou dans le " British Quarterly ". Il eût pu tenir auprès d'un grand éditeur, le rôle important qu'avait eu son père auprès du directeur du " Blackwood's Maga- zine "... Quand on compare la vie littéraire de Coven- try Patmore à celle de son père, on s'aperçoit que, des deux, c'est le moins écrivain qui a eu la carrière la plus brillante : Peter George. Il était au centre même <iu mouvement artistique, il était, dans un sens, la littérature. Coventry, lui, semble vivre en marge de la littérature : il est presque un amateur, puisque, après vingt ans de vie littéraire (en 1868) il fait imprimer à ses frais, et hors commerce, sa plus belle œuvre ; presque un provincial, puisqu'il est inconnu dans Fleet Street et dans les clubs. Mais aussi, le seul côté de son oeuvre par lequel il eût pu passer pour un profes- sionnel était le seul qui lui déplût. Ces articles qui lui étaient payés, il ne les signait qu'à regret, et ne les réimprima jamais.

Mais quel était donc l'intérêt si puissant qui lui faisait tourner délibérément le dos à la vie large et

�� �