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NOTES 267

"On voit ce que je veux faire du roman. Il doit jouer le rôle d'arbitre social, répandre l'intelligence, instituer des examens de conscience, comparer les morales, fabriquer les mœurs, passer au crible de la critique les lois, les institutions et les dogmes sociaux...

Nous écrirons sur les convenances et les poses jusqu'à ce que des milliers de sottises et d'impostures grelottent à l'air froid de nos analyses. Nous parlerons d'occasions perdues et de beautés inutilisées jusqu'à ce que mille voies nouvelles s'ouvrent devant les hommes et les femmes. Nous ferons appel aux jeunes, aux confiants, aux ardents d'esprit, contre les défenseurs du conventionnel et de la fausse dignité. Le jour où nous aurons accompli notre tâche, le roman contiendra enfin la vie entière. "

M. Floris Delattre résume ainsi, dans la Revue Germanique, les caractères de la poésie anglaise récente :

" Un des traits marquants de la littérature anglaise d'au- jourd'hui, tout extérieur il est \Tai, est le nombre, de plus en plus considérable, de volumes de vers qui paraissent chaque année en librairie. Ils se présentent sous la forme de " recueils poétiques ", au titre vague, le morceau initial donnant presque toujours son nom au li\Te entier. Ils sont composés de pièces détachées, sans unité profonde, sans aucun lien apparent même, de poèmes rassemblés au hasard, groupés ici d'après leurs thèmes, là d'après leur rythme, ailleurs encore d'après le nombre de leurs vers. Des idées fort tranquilles, des senti- ments honnêtes sont mis en œuvre d'une plume alerte, souple, gracieuse, agréable le plus souvent. Le talent, cette chose si peu rare en notre commencement de vingtième siècle, y est abondammment répandu. On lit ces recueils, fort soigneuse- ment édités, sans fatigue aucune, sans effort presque, mais on s'aperçoit, dès le lendemain, qu'on n'en a rien retenu, non plus que d'une conversation aimable à laquelle on assista la veille, toute rempUe de consciencieuses et élégantes banalités."

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