Page:NRF 6.djvu/269

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 263

classique française ; c'en est l'élément le plus ferme, le plus raide, le plus solide, qui donne à l'ensemble son attitude. Cor- neille rappelle ses ancêtres lointains par ce culte de la volonté qui est le principe de sa tragédie. La marche de l'action ne dépend point d'événements fortuits ; elle est déterminée par la volonté des personnages. Et cette volonté, volonté héroïque c'est la raison agissante, non la passion condensée....

... Ses femmes sont fortes et farouches, rigides et vindica- tives, tout à fait exemptes de nervosité....

... La politique tient beaucoup de place dans ses tragédies. Le pauvre poète provincial savait très bien comment pense et sent un grand homme d'Etat ; il possédait cette intelligence des affaires publiques, de la science politique, qui était innée chez ses lointains ancêtres. Il était lui-même avocat ; il avait ce penchant et ces aptitudes pour le droit que les Normands de France ont hérité de leurs aïeux norrois...

... Les dialogues de Corneille ressemblent plus d'une fois à des procès habilement conduits... "

• •

On ne lit jamais sans intérêt le Spectateur, où souvent des études d'apparence inactuelle contiennent un vivant, pressant enseignement. Dans le n" de juillet, à côté des articles de M. François d' Hautefeuille sur Les distinctions traditionnelles de la théorie du raisonnement, et de M. Olry Collet intitulé Progrès et Civilisations, M. Auguste Callet soulève la question de la filiation véritable du français. Nous portons d'ordinaire à l'actif du latin, dans la formation de notre langue, des radicaux appartenant également au celtique, auxquels la conquête romaine n'a rien apporté, et dont l'ensemble constitue un patrimoine essentiellement gaulois.

" Les savants de Rome crurent retrouver en Grèce leur propre langue, plus pure, plus correcte, et grécisèrent le latin, comme nous avons latinisé le gaulois et le français. Ils ne s'aperçurent pas que le vieux latin était aussi ancien que le vieux grec, et formait, dès l'origine, une langue distincte. De

�� �