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250 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

appoint aux ressources dont nous disposons dans notre art. Mais l'erreur de Maeterlinck, et plus encore celle d'Ossip Dymof après lui, fut de systématiser à l'excès une pareille conception, d'en faire un exclusif parti-pris. Elle aboutit à des effets plus visiblement conventionnels, plus choquants pour le goût que les trucs les plus discrédités du vieux théâtre.

J. c.

��LA SAISON " RUSSE " AU CHATELET.

Bienfaits et méfaits du snobisme : le snobisme a fait le succès des ballets russes ; il pourrait bien les conduire à dégé- nérer. — Dès que le snob saisit quelque nouveauté dans une œuvre, il n'attend qu'un signe pour applaudir ; quand il se met à applaudir, rien ne l'arrête plus, car il n'a pas le sens critique. Après Wagner, tout wagnérisme lui fut cher, après Debussy tout debussysme, et si on lui dit aujourd'hui où il ne rêve plus que de ballets russes, que le ballet de Narcisse est une erreur, il proteste éperdu : Narcisse a été composé exprès pour lui à ce qu'il semble.

Sur la médiocre musique de Tcherepnine, il passe volon- tiers ; il lui suffit que le décor soit signé Bakst, — d'ailleurs splendide, — que l'amuse le grouillement des petits faunes verts et que Nijinski fasse centre ! Car le danseur Nijinski est son idole ; il transporte sur lui le culte qu'en d'autre temps il eût voué à la première danseuse de l'Opéra de Paris ; il le verrait demain paraître vêtu d'une jupe de gaze, que sa louange n'hésiterait pas... Non, il n'a pas encore compris que le jeune danseur valait par sa grâce virile, sans équivoque, sans fadeur, qu'il apportait dans le ballet un élément nette- ment masculin. Il l'applaudit comme une femme; son applau- dissement l'efféminé ; c'est pour son applaudissement, que Nijinski vient de se montrer en Narcisse, trop blond, trop dévêtu, aussi peu grec qu'il est possible, sa tunique tournoyant autour de sa taille comme un " tutu. " Le ballet redevient ici

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