Page:NRF 6.djvu/230

Cette page n’a pas encore été corrigée

224 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Frère Thaddée. — Quoi donc ?

Simon. — Tu ne comprend pas ?

Frère Thaddée. — Non.

Simon. — Ah ? ils ne t'ont pas dit .? Ma femme est malade. Ils croient que je n'en sais rien, mais je le sais ; elle est malade depuis les deux mois que je suis enfermée ici.

Frère Thaddée. — Maître, comment pouvez- vous... ^

Simon. — Mon pauvre ami ! et la fente de la toile, là-haut, où je colle mon oeil du matin au soir, et la fenêtre de sa chambre que je vois tou- jours éternellement vide ! je te dis qu'elle ne se lève même plus.

Frère Thaddée. — Elle travaille au près du poêle.

Simon. — Comme si elle pouvait faire autre chose que sa broderie de géraniums, et alors il faudrait bien, n'est-ce pas, qu'elle reste auprès des fleurs pour trouver le juste mélange des laines ! Non, non, je sais ce que je dis : l'ouvrage est resté sur une chaise, le lit n'a pas été fait depuis deux jours, et l'enfant, qui s'était assoupi après dîner, a été réveillé par le cri des martinets. Je vois tout comme si j'y avais été : le bâillement, le peloton- nement sous les couvertures, personne pour fermer la fenêtre... Ah l'horreur ! j'ai le froid de sa mort dans tous mes membres !

Frère Thaddée. — Maître, permettez-moi... Simon. — Quoi ? Que veux-tu .? Ah, ah ! le

�� �