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192 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ceux que les justes Dieux abandonnent nont point de

lumière^ la dure lumière des yeux introspectifs qui au milieu du désastre scrutent le coeur et ses iniquités exactement. Ils se reposent^ ils sourient et se reposent; ils ont gagné

peut-être par d^ anciens services la paix pour un temps ,• la paix des vieillards qui se laissent glisser aux vers de la

tombe ; ainsi Pâme s'en va. Mais Vâme de la France ne s en

va pas. Elle pleure de douleur^ elle pleure devant les Dieuxj car terribles sont leurs mains qui châtient^ déchaînées^ et c'est d'un œil froid qu'ils regardent la verge caresser, ravager sa chair d'impitoyables coups. Mais aussi, elle, Raison invétérée, elle discerne que la Pitié a aussi peu de place que la Joie dans la liste de

leurs dons. Elle demande à grands cris la Force, la Force, jadis son idole,

trop longtemps son jouet. Eh! la Force est fille des humbles F er tus fondamentales ; la Force, tu l'acquerras par l'effort discipliné, tu la prouve- ras au milieu du mépris, — tu la cultiveras par l' endurance, tu achèveras

sa conquête par r abnégation.

La Force ne s'acquiert ni par miracle ni par surprise. Elle est la fille des années humbles, le don du père à son fils, en respect des fermes lois que nous nommons les Dieux ; qui

sont la juste cause.

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