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M. d'annunzio et l'art 13

la laver de toute souillure et enfermer l'ouvrage dans un cercle de pureté. — Ou bien, il se risquait à traiter comme un mythe, au mépris d'une foi en bien des cœurs encore vivace, l'his- toire d'un martyr ; à replonger celui-ci dans la fable ; à lui prêter la forme adorable d'un dieu païen : il devait alors l'isoler le plus possible du vrai dogme et se garder du moins d'évoquer à propos de lui les attributs du supplice divin. Encore Sébastien devait-il rester un héros même dans le mythe! Question de simple décence esthé- tique, question de choix. M. d'Annunzio n'a pas choisi.

En vain se réclame-t-il de Polyeucte pour opposer le " païen " au " chrétien ". Mais son Mystère ne les oppose pas : il les marie, il les mélange, il les embrouille ! De cette confusion, de cette incohé- rence, un monstre naît à la fois mystique et pervers, un soleil noir d'où rayonne un obscur malaise que tous les spectateurs, et les plus scep- tiques, ont ressenti. La foi n'était pas seule enjeu: nous nous trouvions en présence d'une œuvre fausse, faussée dans son caractère, falsifiée dans son essence ; en présence d'un auteur qui n'a point le respect de son sujet.

Comment le respecterait-il . quand il ne le connaît pas même ! 11 ne sait regarder aucun sujet en face, avec ce tremblement, avec cet amour exclusif qui rend le véritable poète si humble, si

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