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��L'ODE A LA FRANCE DE GEORGE MEREDITH

��C'est une témérité grande que de traduire en français une ode de Meredith. Je crois pourtant qu'il est utile, sinon nécessaire, qu'un jeune Français ait aujourd'hui cette témérité : à cause de la nature du génie de Meredith, et des sentiments qui agitent notre génération.

Nous aimons passionnément la France : passionnément, c'est-à-dire avec des élans, des sécheresses, des ardeurs, des doutes ; avec de l'enthousiasme pour la victorieuse, et des tendresses pour la vaincue. Telle est la con- fusion de nos sentiments, et le plus haut poète de notre patriotisme ne se défend pas de ce romantisme, regret- table peut-être, mais dont l'existence est un fait. Faut-il marquer nettement dans le réel les suites de cette confusion ? Au point de vue de l'action politique, nous voyons les uns, subordonnant tout ou croyant subordonner tout au maintien de la cohésion nationale, aboutir à

  • ' l'Action Française " c'est-à-dire à la destruction de

toute la France vivante, — et les autres, menés ou se croyant menés par le pur rationalisme de notre race, aboutir à la négation de la raison au profit du ventre, et de notre race au profit de n'importe quelle autre mieux knoutée.

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