l8o LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
cause, là-bas, de ce qu'il y a en vie ; chères choses terrestres, formes ! là-bas chaudes et vraies. O ! réalités distantes dont je suis épris.
Jamais n'aurai-je mon départ ! un jour ne saurai- je point partir, me séparant : ainsi que d'autres ont fait, quelques-uns — que je loue !
Il ont fui, les voici marcheurs loin d'ici...
Errants, expatriés, chercheurs, la séduction de vos lointaines fatigues !
(Et je pense à vous. Européens rudes et en armes, au milieu des perfides hommes de couleur, — à vous, Individus de la conquête.)
Que j'aille, moi aussi, et endure! sans savoir jusques à quand ni jusqu'où tant de souffrances et cette marche en avant...
Que je me voie aventuré ! ô, parmi l'étrangeté de toutes choses nouvelles, à même ce qui soit l'inconnu, égaré...
Que j'affronte la nouveauté.
Mains oisives, ô mes mains capables !
Là-bas, là ! je saurais bien faire oeuvre de mes deux mains.
Dans l'insécurité, je serais cet homme seul, cir- conspect, et adroit.
Car je me suis exercé, en secret, car j'ai joué à cela, car je me suis assoupli, pour tant d'actes, dans la feinte et l'imitation et le jeu.
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