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��NOTES 133

dieux et charmant qu'est M. Louis Laloy. Qu'il eût été mal- séant de s'armer de critique documentaire, de réclamer des preuves, et de prononcer, à propos de ce spectacle harmonieux, des mots grimaçants : infidélité, anachronisme, coupables libertés...

Tout d'abord, si nous savons que l'adaptateur s'est écarté du texte primitif, c'est grâce à quelques lignes où M. Laloy lui-même nous en avise franchement : " Ma-Tcheu-Yen est poète : il suit sa fantaisie et ne s'inquiète pas de l'exactitude. C'est ainsi qu'il nomme en ce drame une divinité du boud- dhisme, alors totalement inconnue en Chine. On n'a pas cru devoir se montrer plus scrupuleux que lui pour les détails de cette sorte. On s'est efforcé, au contraire, de demeurer fidèle au génie de l'art chinois. " Qu'exigerons-nous de plus ? Et qu'oseront dire les sinologues, puisque c'est Ma-Tcheu-Yen qui a commencé ?

J'ai vu l'an passé des ofi&ciers chinois, uniformisés à l'earo- péenne, et je sais bien qu'ils étaient authentiques ; rien n'em- pêchera qu'on leur préfère l'empereur en robe de soie, et la belle Tchao-Kiun aux gestes inclinés.

L'action est d'une simpUcité très pure. Les caractères ne sont pas tracés d'une pointe aiguë, mais seulement caressés au pinceau. Grands et petits Chinois, conversant pohment sous des arbres tout en fleurs ! Méchants génies au masque épou- vantable : vous voici animés enfin, vous à qui nous reprochions votre immobilité, sur les paravents de notre enfance...

M. René Piot est l'auteur des décors. C'est d'abord le pa\'il- lon isolé dans le parc de Han : au premier plan, une muraille vert sombre, interrompue ; un fond, sur le seuil du pavillon, la princesse coiffée par ses suivantes ; une grande lumière d'un vert hmpide baigne le groupe, et en arrière s'ouvre la porte carrée sur l'intérieur obscur. — Le 3* acte mérite les applau- dissements qui l'accueillirent au lever du rideau : on découvre toute une lumineuse étendue où s'épanouit un grand poirier fleuri; l'empereur, vêtu d'or, assiste aux danses, et Tchao-Kiun est debout près de lui.

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