défié de sa virtuosité un peu voyante dans le maniement de l’italien ; a-t-il pensé montrer dans notre langue une gaucherie plus naturelle, “ être plus naïf en français ”… De fait, si on lit de près son ouvrage, on remarque qu’il se limite aux tours les plus simples, les plus directs ; comme à plaisir, il les ressasse ; voilà bien l’archaïsme qu’il escomptait. — Trop averti de leurs difficultés, et suspectant — qui sait ? — leurs sonorités trop païennes, il évitera d’employer l’alexandrin ou le vers libre. Rien que l’octo-syllabe et privé de la rime — nouvel indice de macération — : le mètre le plus mécanique qui soit, et le moins susceptible de modulations intérieures. Il saura bien de temps en temps le relever de quelques rimes, en rompre la monotonie par de petits vers en rejet ; l’ingéniosité ne lui manque pas, et ce sont faciles ressources.
Par malheur, sa mémoire est grande ; il connaît trop de mots, même de mots français et tout à coup les mots l’obsèdent, ceux de nos plus vieux auteurs, ceux aussi des plus récents ; car c’est évidemment en manière de plaisanterie qu’il affirme n’avoir admis dans son mystère “ que des mots vieux de quatre siècles. ” Comme ils vont être tassés là-dedans ! que d’enjambements se préparent ! Dans ce torrent, les pauvres vers risquent de perdre tout leur rythme, de former une sorte de prose boiteuse, découpée à l’emporte-pièce au