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NOTES 883

déjà. Mais ne nous en alarmons point outre mesure. Les premiers chapitres sont gonflés d'une sève vigoureuse qui, dans le reste du livre, pousse encore, de ci, de là, ses jets. Et il faut lire les deux premières pages — entre d'autres, — du chapitre IX où Aimé Pache s'interroge et se répond :

— Tu sais d'où tu viens. Et alors, parce que tu es venu tfun certain point de la terre, il y a pour toi des obligations. Parce que tu as derrière toi une race, tu as des obligations. Il y a une manière de dire qui doit être la tienne, parce qu'elle a été celle de ceux qui sont venus avant toi.

Il cherchera à exprimer les ressemblances que ses ancêtres n'ont point vues, à parler la véritable langue qu'eux mêmes ont parlée, mais sans le savoir, à peindre comme ils ont peint sur les portes des granges, comme ils ont peint sur les vieux coffres. Et il finira par écrire sur son carnet de notes (c'est la dernière phrase du livre) :

Je vais de partout vers la ressemblance, c'est l'identité qui est Dieu.

Un des nôtres écrivait ici-même :

— En art, il faut se défier de la montagne: mais elle permet la vallée ; dès qu'il échappe à la montagne et au goitre, le Suisse est animé d'une manière d'humour très spéciale qui nous avait déjà donné Tœpffer, qui nous donne aujourd'hui Dumuv.

Mais, enfin, voici quelqu'un qui vient de la montagne.

H. B.

• « 

LA CONQUÊTE DU COURAGE de Stephen Crâne traduit de l'anglais par MM. Francis Vielé-Griffin et Henry D. Davray (Mercure de France).

Un récit inventé, mais sans littérature, mais si scrupuleuse- ment objectif qu'il peut en vérité donner le change et prendre place à côté des confessions les plus sincères, les plus directes, que la littérature de bataille ait enregistrées — celles d'un sergent Bourgogne, celles d'un Séménoff ! Telle est la révélation pathétique que nous devons aux traducteurs de la

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